Comprendre et accompagner les troubles de la mémoire chez les jeunes à l’école

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À l'école, la mémoire est sollicitée en permanence : retenir une consigne, apprendre une leçon, se rappeler d'un exercice déjà fait, restituer ses connaissances lors d'un contrôle. Pourtant, certains enfants ou adolescents rencontrent de véritables difficultés mnésiques qui perturbent leur apprentissage et leur confiance en eux. Ces troubles, souvent mal compris ou confondus avec un manque d'attention ou de motivation, méritent une analyse fine. Comprendre les mécanismes de la mémoire et leurs dysfonctionnements permet de mieux identifier les difficultés et de mettre en place des stratégies adaptées pour aider l'élève à progresser.

Le rôle central de la mémoire dans les apprentissages scolaires

La mémoire n'est pas un processus unique mais un ensemble de systèmes qui interagissent. La mémoire de travail permet de manipuler des informations à court terme, comme retenir un calcul intermédiaire en mathématiques ou suivre plusieurs étapes dans une consigne. La mémoire à long terme assure le stockage durable des connaissances, qu'il s'agisse de règles de grammaire, de formules scientifiques ou de vocabulaire. À l'intérieur de cette mémoire, on distingue la mémoire épisodique (les souvenirs d'événements personnels) et la mémoire sémantique (les connaissances générales).

À l'école, ces systèmes fonctionnent ensemble. Un élève qui doit résoudre un problème doit maintenir les informations en mémoire de travail tout en faisant appel à sa mémoire à long terme pour mobiliser des savoirs déjà acquis. Lorsqu'un trouble affecte l'un de ces mécanismes, l'apprentissage peut devenir laborieux, même si l'élève est motivé et intelligent.

Comment se manifestent les troubles de la mémoire chez les jeunes ?

Les signes d'un trouble mnésique à l'école sont variés et parfois discrets. Certains élèves semblent oublier rapidement les leçons apprises, d'autres n'arrivent pas à retenir une consigne simple, ou peinent à restituer leurs connaissances malgré un temps d'étude important. On observe également des enfants qui doivent sans cesse relire, répéter ou demander de l'aide pour se souvenir de ce qui a été expliqué en classe.

Ces difficultés ne sont pas toujours constantes : certains jours, l'enfant réussit à mémoriser, d'autres fois non. Cela peut générer de l'incompréhension chez les enseignants et un sentiment d'échec ou de découragement chez l'élève. À long terme, ces troubles peuvent altérer l'estime de soi et augmenter le risque d'anxiété scolaire.

Quelles sont les causes possibles de ces troubles ?

Les troubles de la mémoire peuvent avoir des origines multiples. Chez certains jeunes, ils sont liés à un trouble du neurodéveloppement, comme le TDA/H, qui affecte la mémoire de travail et la capacité à maintenir l'information. D'autres présentent des troubles spécifiques des apprentissages (dyslexie, dyscalculie, dyspraxie) où la mémoire est mise en difficulté de manière secondaire.

Dans certains cas, les troubles mnésiques apparaissent après un traumatisme crânien, une épilepsie ou une pathologie neurologique rare. Mais ils peuvent aussi être liés à des facteurs plus contextuels : manque de sommeil, anxiété de performance, surcharge cognitive, ou encore environnement scolaire trop stimulant. Distinguer ces différentes causes est essentiel pour proposer un accompagnement pertinent.

L'importance d'un bilan neuropsychologique

Lorsqu'un élève présente des difficultés persistantes de mémoire, un bilan neuropsychologique peut être recommandé. Ce bilan permet de comprendre quelles composantes de la mémoire sont touchées et dans quelle mesure elles impactent la scolarité.

L'évaluation débute par un entretien avec la famille afin de cerner le parcours scolaire, le contexte familial et les difficultés observées. Puis, différents tests sont utilisés pour explorer la mémoire de travail, la mémoire épisodique, la mémoire sémantique et la mémoire à long terme. Les résultats sont comparés à ceux d'élèves du même âge, ce qui permet de déterminer si le profil de l'enfant se situe dans la norme ou s'il existe un véritable trouble.

L'objectif n'est pas seulement de poser un diagnostic mais de fournir des recommandations concrètes aux parents et aux enseignants : stratégies pédagogiques, aménagements scolaires, conseils pour la maison.

Conséquences sur la scolarité et la vie quotidienne

Un trouble de la mémoire peut avoir un impact considérable sur la scolarité. L'élève peine à apprendre ses leçons, oublie les consignes ou les étapes d'un exercice, et peut rapidement accumuler du retard. Cela conduit parfois à des notes qui ne reflètent pas son niveau réel de compréhension.

Au‑delà des résultats scolaires, la mémoire influence aussi la vie quotidienne. L'enfant peut oublier son matériel, ses rendez‑vous, ou les tâches que ses parents lui demandent de réaliser. Ce type de difficultés peut générer des tensions familiales, car elles sont parfois interprétées comme un manque de volonté alors qu'elles relèvent d'un trouble cognitif.

Les stratégies d'accompagnement possibles

Heureusement, différents outils existent pour soutenir les jeunes présentant des troubles mnésiques. L'accompagnement repose d'abord sur une approche pédagogique adaptée. Les enseignants peuvent favoriser l'apprentissage en donnant des consignes courtes et claires, en répétant les informations clés et en proposant des supports visuels. Les parents peuvent, de leur côté, aider l'enfant à structurer son travail en découpant les apprentissages en petites étapes et en instaurant des routines de révision régulières.

La remédiation cognitive peut également être proposée par un neuropsychologue. Elle consiste à travailler, à travers des exercices ciblés, les différentes composantes de la mémoire. Ces séances visent à renforcer les capacités existantes et à développer des stratégies compensatoires. Par exemple, un enfant peut apprendre à utiliser des moyens mnémotechniques, des cartes mentales, ou des indices visuels pour favoriser l'encodage et le rappel des informations.

Enfin, l'accompagnement doit prendre en compte la dimension émotionnelle. Un élève qui se sent en échec permanent a besoin d'être encouragé et valorisé pour ses progrès. Le soutien psychologique et la collaboration entre famille, école et professionnels de santé sont essentiels pour redonner confiance à l'enfant et prévenir le décrochage scolaire.

Les troubles de la mémoire chez les jeunes à l'école sont souvent invisibles, mais leurs conséquences peuvent être lourdes sur la réussite scolaire et l'estime de soi. Ils ne traduisent pas un manque de volonté mais un fonctionnement cognitif particulier qui mérite d'être compris et accompagné. Le bilan neuropsychologique joue un rôle clé pour identifier les mécanismes en jeu et orienter les solutions à mettre en place.

Grâce à un travail conjoint entre parents, enseignants et professionnels, il est possible de transformer ces difficultés en opportunités d'apprentissage. Avec les bons outils, les jeunes peuvent développer des stratégies efficaces, retrouver confiance en leurs capacités et s'épanouir pleinement dans leur scolarité.

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La neuropsychologie est une spécialité de la psychologie qui étudie les fonctions supérieures (langage, mémoire, attention, etc…) et leur rapport avec les structures cérébrales. Le rôle du neuropsychologue est d'évaluer, comprendre et accompagner les personnes qui rencontrent des difficultés cognitives.